Parce que la simplicité ne signifie pas l’appauvrissement ou la monotonie, l’architecte Zineb Cherkaoui valorise ses compétences en architecture, paysage et intérieur à travers des conceptions prônant un juste équilibre, l’harmonie et la durabilité. Avec son agence «Zin Archi», elle veille à intégrer à l’environnement et à la localité des projets épurés et sophistiqués, ponctués d’une douce note écolo chic.
Par : Mélanie Wilms @zin_archi
Comment êtes-vous venue à l’architecture?
Depuis l’enfance, j’ai toujours aimé les activités artistiques. Par la suite, ce qui m’a le plus plu c’est l’aspect pluridisciplinaire des études et de la pratique. La formation architecturale lie aussi bien l’aspect technique, scientifique et artistique.
Qu’est ce que vous préférez dans votre métier?
Ce que je préfère dans mon métier, c’est d’avoir la chance de pouvoir raconter une histoire différente et unique à chaque nouveau projet.
Une histoire qui s’écrit progressivement de la conception à la réalisation. Toutefois, le fait que l’artistique et l’intuition soient guides de cette discipline peut parfois un peu complexifier sa pratique. Il est important de les écouter tout en gardant à l’esprit qu’il faut établir et suivre un programme défini.
Le choix d’exercer au Maroc était-il une évidence?
Plus qu’une évidence, c’est une chance. Le Maroc offre des paysages d’une grande beauté, un savoir-faire intemporel ainsi qu’un riche patrimoine matériel et immatériel.
Quelles sont les grandes étapes de votre carrière? Pourquoi le choix de l’entrepreneuriat?
J’ai commencé ma formation architecturale au sein des locaux des Beaux Arts à Paris 6, pour ensuite obtenir mon HMONP (Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre et mon Nom Propre) à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine. Après 4 années d’expériences professionnelles en France (Atelier Jean nouvelle & Dominique Perrin), mon retour à Marrakech, ma ville natale, s’est fait naturellement. C’est en 2015 que j’ai décidé de créer l’agence d’architecture, de paysage et d’intérieur «Zin’Archi» dont les locaux se trouvent au cœur de la ville ocre, à savoir au rond point de l’hôtel la Renaissance à Guéliz.
Quelle est votre vision de l’architecture et de l’architecture d’intérieur?
Je pense qu’une architecture harmonieuse se dessine et se réalise dans son ensemble. Selon moi, les deux vont de pair. L’architecture et l’architecture d’intérieur se doivent d’être complémentaires car un bâtiment doit pouvoir se lire de manière cohérente et globale.
Comment définissez-vous votre style?
Je dirais un style architectural minimaliste à l’empreinte traditionnelle. Dans mes projets, j’apprécie concilier l’esprit contemporain avec le savoir-faire ancestral marocain.
Avez-vous des modèles en architecture?
Le grand architecte moderne Ludwig Mies Van Der Rohe est un vrai modèle pour moi. C’est lui qui a le plus guidé mon style architectural. Je me suis inspirée de ses célèbres aphorismes prônant une architecture dépouillée et minimaliste : «Less is more» et «God is in the details». Selon moi, il n’y a pas besoin d’en faire trop pour être juste tout en donnant de la valeur à l’essentiel, de manière simple et épurée.
Plus qu’un style architectural, c’est une philosophie, un état d’esprit qui représente mon fil conducteur et qui définit mon approche de la pratique architecturale.
Quelle place tient la durabilité dans votre démarche créative?
Une place primordiale! Chez Zin Archi, la durabilité est une valeur phare. C’est un signe de responsabilité et d’engagement. La question environnementale est présente à tous les niveaux du processus architectural. Nous estimons que l’éthique environnementale est l’éthique du futur.
Quels sont vos matériaux de prédilection?
J’apprécie les matières naturelles comme le bois, la pierre, la terre. Je suis également attachée à l’usage de matériaux traditionnels tels que le tadelakt, le zellige et la tuile.
Pour ajouter un esprit contemporain à mes conceptions, j’use aussi de la céramique, du laiton et de peintures texturées.
Comment concilier tendance et intemporalité, esthétisme et innovation technologique?
Pour allier tendance et intemporalité, j’opte pour l’utilisation de produits et de matériaux traditionnels et ancestraux que je modernise au besoin pour les rendre au goût du jour. Selon moi, il n’y a pas de dualité entre esthétisme et innovation. Par ailleurs, l’éco-innovation en architecture nous permet de mettre en œuvre des méthodes et des matériaux toujours plus performants tout en réduisant l’impact écologique.
Quelle place tient le végétal dans vos projets?
Je suis une grande passionnée de la nature et j’estime qu’elle procure un bonheur universel.
C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’intégrer le paysage à ma formation architecturale, en me penchant sur l’étude de l’aménagement des espaces naturels et des jardins.
Si vous n’aviez pas de contraintes, qu’aimeriez-vous construire?
J’ai tendance à dire que les contraintes offrent de belles opportunités. Il faut savoir les saisir et les exploiter durablement. Si je pouvais agir librement, je participerais à la rénovation et la réhabilitation du patrimoine architectural marocain. En parallèle, je souhaiterais pouvoir limiter toutes ces constructions qui ne respectent pas et ne valorisent pas l’image et la beauté de notre pays.