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A la une, Tendances

Trois architectes pour un Pritzker

By juin 1, 2017No Comments

© Javier Lorenzo Domínguez – Rafael Aranda, Carme Pigem and Ramon Vilalta

 

Le «Nobel» de l’architecture décerné par la fondation Hyatt est revenu cette année au trio catalan RCR Arquitectes composé de Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta. Ils recevront le 20 mai prochain à Tokyo la coquette somme de 100 000 dollars.

© Hisao Suzuki
La Cuisine Art Center 2014 Nègrepelisse, France

C’est la première fois que ce prix créé en 1979 pour rendre hommage au travail d’un architecte vivant revient conjointement à trois personnes. Rafael Aranda, (55 ans), Carme Pigem (54 ans) et Ramon Vilalta (56 ans) ont fondé leur cabinet (qui reprend les initiales de leurs prénoms) en 1988 dans leur ville natale d’Olot, en Catalogne et oeuvrent ensemble depuis plus de trente ans.

 

© Hisao Suzuki
Row House 2012 Olot, Girona, Spain

Une architecture intransigeante et poétique
«Leur rayonnement s’étend bien au-delà de leur lieu d’implantation. Leur œuvre – espaces publics ou privés, équipements culturels et éducatifs – témoigne de leur habileté à lier programme et site», a souligné la Fondation Hyatt. «De plus en plus de gens craignent qu’en raison de l’influence internationale (…) nous perdions nos valeurs locales, notre art local et nos coutumes locales (…), a déclaré le jury. Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta nous disent qu’il peut être possible d’avoir les deux.»
Avec cette agence, nous sommes à des années lumière de l’architecture spectacle. RCR a «démontré que l’unité d’un matériau peut insuffler à la fois une force incroyable et une grande simplicité à un bâtiment», a expliqué l’architecte australien Glenn Murcutt, président du jury et lauréat du prix Pritzker en 2002. «La collaboration entre ces trois architectes produit une architecture intransigeante et poétique, au caractère intemporel et qui reflète un grand respect pour le passé, tout en projetant clairement ce qui appartient au présent et au futur.»
Le trio se revendique de l’école d’architecture de Barcelone, mais il a aussi été influencé par l’art (les sculptures d’Eduardo Chillida et Jorge Oteiza et les peintures de Mark Rothko et Pierre Soulages), par l’architecture traditionnelle japonaise, et plus près d’eux, par la magnifique forêt de hêtres qui entoure leur village d’Olot. Leurs constructions ont souvent la sobriété et les teintes du parc naturel de la Garrotxa, tel l’acier sombre omniprésent qui rappelle la pierre volcanique.

 

© Hisao Suzuki
Soulages Museum, 2014, Rodez, France In collaboration with G. Trégouët

Le musée Soulages
En 2014, ils ont livré le musée Soulages à Rodez, certainement leur oeuvre majeure, reconnue pour sa sobriété et ses lignes droites et parois en acier oxydé. Ils ont aussi démontré leur respect pour la nature dans le village rural de Négrepelisse (dans le Tarn-et-Garonne) avec la Cuisine Art Center imbriquée dans les ruines d’un château du 13e siècle. Carme Pigem avait alors confié à l’AFP leur souci de « faire ressentir la nature, l’air, le vide, l’essence des choses, alors que petit à petit, la vie des personnes se «dénaturalise» ».Quant à la médiathèque Waalse Krool de Gand, en Belgique, elle va être inaugurée prochainement.