Créatrice à l’imaginaire foisonnant, Stella Cadente nous fait partager son goût pour l’enchantement et le décalage à travers la mode et le design. Inspirée par les contes et les mythes fantastiques et apte à capter les tendances à 360°, Stella Cadente fait de la modernité un luxe intemporel en se jouant des codes. Elle s’est imposée comme décoratrice et designer avec sa maison d’hôtes de Provins. Depuis elle a enchaîné les projets avant de mettre sa créativité au service d’une maison d’hôtes à Casablanca. Parce qu’au Maroc affirme-t-elle « tout est possible »…C’est à Casablanca que nous l’avons rencontrée, en compagnie de son associé, Florent Claudel.
Comment passe-t-on de la mode à la décoration ?
Des journalistes ont photographié ma maison. J’ai alors fait des chantiers pour le plaisir avant de me professionnaliser. Je mes suis imposée dans ce domaine avec la maison d’hôtes que j’ai décorée à Provins. Ensuite, j’ai fait des hôtels, des lieux de vie (les salons d’un Sofitel), l’espace lingerie des Galeries Lafayette Haussmann, des maisons d’hôtes, des appartements, des boutiques, des restaurants. Pérenniser, c’est important pour moi. Avec la déco c’est possible. Revenir dans un endroit que l’on a décoré, se poser, profiter. Le parfum aussi c’est pérenne. Ce n’est pas comme un défilé qui dure dix minutes.
Comment définissez-vous votre marque ?
La marque Stella Cadente, c’est une marque univers. Je ne peux pas dissocier le vêtement du maquillage, du bijou, du canapé. J’ai commencé par les accessoires en 1992. Quand on fait une maison, c’est comme quand on fait un vêtement.
Pourquoi le Maaroc ?
Parce que c’est un pays qu’on adore pour sa proximité avec la France, mais aussi parce que c’est un pays très raffiné et très sophistiqué où il y a encore de l’artisanat alors qu’en France, c’est fini. On est muséifié. On a dessiné un truc un matin, on est reparti avec l’après-midi du souk de Rabat. Il y a aussi une très belle énergie. La lumière, les couleurs… Au Maroc, tout est possible. Il y a un territoire d’expression pour nous ici, on sent que l’on pourrait s’éclater.
Comment concevez-vous le travail au Maroc ?
On a déjà un projet de maison d’hôtes à Casablanca. On n’arrive pas en mode « Français », mais humblement. On veut travailler avec des Marocains et mixer les codes traditionnels avec notre vision « créateur de mode ».
C’est quoi votre vision justement ?
L’esprit Stella Cadente, c’est l’onirisme, la poésie avec une touche d’humour. Nous avons des partis-pris assez forts que nous voulons intégrer à notre vision du Maroc : les contes des 1001 nuits, Shéhérazade…
Vous venez d’achever le réaménagement de l’espace lingerie des Galeries Lafayette Haussmann. Ici aussi, c’est un véritable concept ?
J’ai été directrice artistique pour des marques de lingerie française comme Sans Complexe ou Rosy. J’avais donc une légitimité dans la lingerie. Pour les Galeries Lafayette, nous nous sommes amusés et nous nous sommes demandé ce qui se passe sous les jupes des filles. On a repris les codes haussmanniens avec ses moulures et son parquet en point de Hongrie, trois gammes de couleurs et on a travaillé trois univers. On a privilégié l’usage. Quand on fait des hôtels et des restaurants, on travaille sur l’esthétisme, mais aussi sur l’usage. On a fait des cabines à la fois cosy et pratiques. On a utilisé 7000 mètres de tulle pour la jupe. Et on a travaillé sur un concept, ce qui passe aussi par l’olfactif. On a collaboré avec un nez extraordinaire. On ne peut pas faire abstraction d’un sens en déco. La musique aussi est importante. Pour le lobby du Sofitel de l’Arc de triomphe à Paris, on a proposé une play list.
Avec l’hôtel Original, vous vous êtes aussi lancée dans l’édition. En quoi cela consiste-t-il ?
Pour l’hôtel, on a mis en place un nouveau concept. Quand le client est dans sa chambre, s’il souhaite se procurer la peinture que l’on a utilisée pour les murs, le tapis ou la baignoire, c’est possible. On a créé des licences avec Tolens, Toulemonde Bouchard, Aquamass, Saint-Maclou pour la moquette… On peut tout acheter sauf la literie. Ainsi, en collaboration avec des éditeurs et fabricants talentueux, notre marque s’invite là où on ne l’attend pas. C’est un nouveau moyen de communication.
Bio Express
Après une formation à Sciences-Po, Stella Cadente a appris la mode au Fashion Institute of Technology de New York ainsi qu’au cours Berçot à Paris. Elle débute chez Cacharel, Corinne Cobson et Claude Montana. A partir de 1991, elle collabore avec des maisons de luxe françaises en tant que styliste pour l’accessoire et le bijou chez Chanel, Dior ou Swarovski. En 1995, elle crée la marque de prêt-à-porter Stella Cadente qui signifie « Etoile filante » en italien. Elle ouvre une boutique à Paris. En 2003, elle crée Miss Me, son premier parfum suivi de Discrète et Acqua.
En 2008, elle se lance dans la décoration de maisons d’hôtes, d’hôtels, de boutiques.
EN 2010, elle s’associe à Florian Claudel, photographe, pour fonder une agence de conseil, baptisée Stella&Claudel. A la fois bureau de style, de tendances et de design, ce studio très créatif travaille aussi bien pour la mode que la décoration ou la communication visuelle et conseille de nombreuses entreprises.