Salah Fattah, architecte indépendant depuis 2020, a forgé son expertise entre Beyrouth et le Sénégal. Diplômé en 2017, il a débuté sa carrière au sein du prestigieux cabinet MZ ARCHITECTS au Liban. Face aux défis économiques et sanitaires de 2020, il a choisi de retourner dans son pays natal, le Sénégal, où il a fondé son propre cabinet, marquant le début d’une aventure architecturale personnelle et ambitieuse.
Comment vos origines et les lieux où vous avez grandi influencent-ils votre travail d’architecte ?
Ma multiculturalité est indéniablement le fondement de mon identité. Né d’un père libanais et d’une mère libano-italo-brésilienne, j’ai grandi au Sénégal, un pays qui m’a profondément marqué. Mon père, artiste dans l’âme, m’a transmis l’amour du dessin, bien que ses aspirations artistiques soient restées inexplorées. En observant ses croquis, j’ai découvert mon propre penchant pour les lignes géométriques et rigides. Lors de mes études au Liban, j’ai été captivé par la richesse de l’architecture locale, notamment la symétrie des façades, l’utilisation de la numérologie dans les ouvertures, et l’émotion véhiculée par les matériaux. Cette immersion culturelle m’a permis de percevoir les bâtiments non comme de simples structures, mais comme des entités vivantes, en dialogue constant avec leur environnement.
Comment intégrez-vous l’environnement naturel dans vos conceptions architecturales ?
L’environnement naturel est au cœur de ma démarche architecturale. Je considère les bâtiments comme des organismes vivants, évoluant au fil du temps en symbiose avec leur environnement. Lorsqu’un projet se situe sur un grand terrain, je privilégie une architecture extravertie avec ouverture vers l’extérieur, évitant une exploitation excessive de l’espace pour permettre à la nature de s’épanouir autour de la construction. Cela se traduit par des façades interactives et des percées visuelles entre l’intérieur et l’extérieur, favorisant une intégration harmonieuse. À l’inverse, sur des terrains plus confinés, je suis plus introverti, m’inspirant des maisons à cour centrale libanaises, où la cour devient le cœur de la maison, un espace central qui respire et où gravitent toutes les fonctions.
Quel projet architectural est votre plus grande fierté et pourquoi ?
Le projet dont je suis le plus fier est sans conteste la Villa HU. Ce projet revêt une signification personnelle profonde, car il est né à un moment critique de ma carrière. De retour au Sénégal en 2020, sans projets ni ressources financières, j’étais en quête de création. Un rêve marquant m’a inspiré cette villa longue, aux parois poreuses, située en plein milieu de nulle part. Ce rêve a été pour moi un signe, une communication divine, qui m’a poussé à travailler sans relâche pour concrétiser cette vision. La Villa HU, issue de ce rêve, est devenue un projet conceptuel qui, une fois partagé sur les réseaux sociaux, a attiré mes deux premiers clients. Ce projet est le symbole de ma renaissance professionnelle, et son nom, «HU», dérivé de l’arabe «HUWA» signifiant «Lui», fait référence à cette connexion spirituelle qui m’a guidé.
L’intégration des espaces intérieurs et extérieurs est centrale dans ma vision architecturale. Pour brouiller les frontières entre eux, j’utilise de grandes ouvertures vitrées et des parois mobiles pour une continuité visuelle et physique.
Comment adaptez-vous votre approche selon les différents types de projets ?
Chaque projet est une nouvelle aventure, dictée par deux facteurs essentiels : les besoins du client et le contexte du site. L’intégration du bâtiment dans son environnement est primordiale. Que ce soit pour une résidence privée ou un espace commercial, je veille toujours à ce que l’architecture réponde non seulement aux attentes fonctionnelles, mais aussi à une harmonie avec le paysage environnant. Chaque typologie de projet nécessite une approche spécifique, qu’il s’agisse de maximiser la lumière naturelle, de favoriser la ventilation, ou encore d’assurer une transition fluide entre les espaces intérieurs et extérieurs. Mon objectif est de créer des espaces à la fois esthétiques, fonctionnels, et respectueux du contexte dans lequel ils s’inscrivent.
Quelles sont vos principales sources d’inspiration pour un nouveau projet ?
Mon inspiration vient de l’architecture antique, des temples romains et hindous aux monuments grecs et pyramides. Ces structures, fondées sur la géométrie sacrée, montrent le lien entre numérologie, géométrie et architecture. Je suis fasciné par la façon dont les anciennes civilisations ont intégré des concepts spirituels et mathématiques dans leurs constructions. Cette approche symbolique et rigoureuse influence mon travail, cherchant à équilibrer tradition et innovation dans chaque projet.
Les nouvelles technologies et matériaux transforment l’architecture. J’intègre des matériaux durables, comme le béton écologique, le bois lamellé-collé, et les façades adaptatives. Grâce à la modélisation numérique, on peut créer des formes innovantes et éco-énergétiques.
