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Luxe

New Tangier, le luxe made in Maroc

By septembre 5, 2015septembre 5th, 2024No Comments

Totalement sous le charme des pochettes et sacs faits de Tarz El Gharza, de cordons en sabra, de sfifa traditionnelle et d’une touche de cuir, signés New Tangier, nous avons voulu en savoir plus sur leur créatrice. Kenza Bennani qui a fait ses classes chez Jimmy Choo et Louis Vuitton a eu un déclic en passant trois mois (qui se sont transformés en six…) chez des artisans de Florence. Là elle a réalisé que le luxe s’appuyait sur l’artisanat et a décidé de tenter l’expérience avec les artisans marocains, à partir de la ville où elle a grandi, Tanger.

 

J’ai rencontré Kenza Bennani et découvert ses créations au printemps, à Casablanca, dans le cadre d’une vente privée au restaurant Le Rouget de Lisle. J’ai craqué pour un sac bleu et vert qui ne m’a pas quitté de l’été et que j’ai porté comme un étendard du patrimoine marocain. J’avais donc envie de vous faire partager mon enthousiasme pour Kenza et la marque New Tangier qui adopte les codes du luxe tout en préservant des savoir-faire ancestraux et pour certains, en voie de disparition.

 

Quand le luxe s’appuie sur l’artisanat
Cette idée, Kenza l’a eue à Florence. « En 2008, à Londres, c’était la crise. J’étais chez Jimmy Choo. On ne faisait rien de technique, le développement des produits se faisait en Italie. J’avais envie d’apprendre. Ma directrice artistique m’a proposé de faire un apprentissage dans un de leurs ateliers à Florence. J’y ai passé 6 mois et c’est là que j’ai compris que le luxe s’appuyait sur l’artisanat. Sans le savoir-faire, il n’y a pas de produit fini. En Italie, j’ai constaté qu’ils avaient préserver leur artisanat. Ils tirent une énorme fierté de leur collaboration avec des designers et ont le sens de l’esthétique, du détail et du travail bien fait. Je me suis dit qu’on avait aussi ça au Maroc ». Kenza rentre alors à Londres avec un projet en tête. « A Florence, je me suis dit que si je devais vivre dans une société aussi conservatrice, il valait mieux que ce soit chez moi, au Maroc ». Mais en attendant, elle est recrutée par Louis Vuitton pour travailler sur le projet « Ambassadeur d’art », son rôle consistant à former les équipes de vente en art, ce qui lui permet aussi de mieux comprendre les rouages d’une entreprise de cette envergure. En parallèle, elle monte sa petite entreprise avec une idée de départ originale : au lieu de travailler sur le produit, elle part sur le concept ». Elle réalise des écharpes tissées par les femmes en difficulté de l’association Darna à Tanger, en délaissant le côté folklorique pour un style très minimaliste. Elle en profite pour raconter l’histoire de ces femmes. Elle teste le concept du produit marocain à Londres. Liberty est emballé par le projet.

New Tangier, de l’artisanat au produit
Alors, en mai 2014, elle quitte Vuitton pour rentrer au Maroc s’occuper de la production. Sa base ? Tanger, la ville ou elle a grandi. « Cette ville est pour moi un pont entre l’Orient et l’Occident. J’ai évolué dans un monde multiculturel, je parle quatre langues. Ici, on peut revendiquer une marocanité sans avoir besoin de choisir. J’aimerais que New Tangier devienne un laboratoire de création. J’imagine une maison où l’on inviterait des créateurs de partout. Tanger est le lieu idéal pour cela. C’est une ville inspirante qui se prête à la création ». A Londres, elle créé une société qui se consacre à la commercialisation et commence un va-et-vient entre les deux villes. « En arrivant au Maroc, j’ai eu la grande surprise de voir que les Marocains étaient aussi intéressés par mes produits. J’étais partie depuis quinze ans. J’ai constaté que les gens étaient touchés par leur patrimoine. J’ai alors décidé de commencer par honorer la clientèle locale avec une première collection de sacs et pochettes conjuguant cordons en sabra, sfifa traditionnelle, cuir, tissage… ». A l’origine de ses projets, des savoir-faire aussi anciens que possible. « J’imagine le produit en fonction du savoir-faire » explique Kenza. « Le design est au service du savoir-faire, ce qui explique pourquoi mes formes sont basiques et épurées. J’essaye de regarder l’artisanat marocain avec un oeil scandinave, fonctionnaliste, je fais ressortir le graphisme, la texture des matières, les couleurs, je fais ressortir le Maroc. Quand je trouve le bon partenaire, on développe le bon produit ». L’objectif, c’est aussi d’aider les artisans à se professionnaliser. « Nous voulons qu’ils gagnent bien leur vie et qu’ils soient en mesure de transmettre leur savoir-faire. Les artisans se plaignent que les jeunes n’ont pas envie de poursuivre. La solution c’est la motivation par l’argent ». New Tangier travaille beaucoup avec des femmes. « Ici, les femmes travaillent énormément, mais ne sont pas valorisées. Mais je travaille aussi avec des hommes. C’est très segmenté : la broderie, c’est le domaine des femmes, le tissage celui des hommes. Ils travaillent aussi ensemble. C’est un vrai travail d’équipe. Dans l’immédiat, Kenza a l’intention de proposer deux collections par an, mais la tendance ne l’intéresse pas, le côté « à la mode » non plus. « Ce qui m’intéresse, c’est le beau, l’intemporel. C’est cohérent avec l’idée de préservation du patrimoine. Le but est de faire des produits qui durent longtemps. Je sortirai certainement une petite capsule « Evening » avant la fin de l’année. Mais nous sommes dans la « slow fashion », le « slow made ». A long terme, New Tangier souhaite créer une plateforme de design qui permette à d’autres designers de travailler sur d’autres savoir-faire. En attendant, les créations de la jolie marque marocaine sont disponibles sur le site internet de New Tangier, au Royal Mansour Marrakech et au show-room de Tanger sur rendez-vous.

New Tangier, www.newtangier.com. Tél. : 0615836982