La décoration et la conception d’espaces intérieurs sont pour elle une histoire d’ADN et de famille. Mais si le choix de sa profession ne se posait pas, sa passion pour sauvegarder et sublimer le riche patrimoine marocain est bien sa propre signature. Rencontre avec Maroua Ihrai, décoratrice d’intérieur et fondatrice de IM Interior Design.
«Je me réfère à la nature, parce qu’on ne s’en lasse jamais. Tout ce qui vient de la nature est forcément beau.»
Parlez nous de votre démarche créative ?
Depuis la création de IM Design, je me suis spécialisée dans le luxe. Mais lorsque je parle de luxe, il s’agit selon moi de bien être, avant même de parler d’esthétique. Que cela soit les matériaux, les couleurs, la lumière, un espace luxueux est d’abord un espace confortable.
Quel a été le projet dont vous êtes le plus fière ?
Chaque projet est un grand challenge, dont on est fier, une fois finalisé. Chaque projet raconte une histoire, selon le style choisi, qu’il soit minimaliste, organique, brutaliste, contemporain ou autre.
Comment se fait ce choix, selon les tendances du moment ?
Personnellement, je raisonne en terme de style, et non pas de tendance. La tendance pour moi est une notion plutôt commerciale. Dans l’univers du design, il est plutôt question de style. Par contre, la tendance, c’est à nous, les designers, de la créer. Ma démarche s’inscrit toujours dans un style décoration, ou dans un courant.
Comment arrivez-vous à concilier votre vision d’un intérieur avec celui de vos clients ?
Il faut respecter la vision souhaitée, celle des personnes qui vont vivre dans cet intérieur qui doit leur correspondre. Dans un projet résidentiel, il faut toucher à l’âme de la personne. C’est un équilibre à trouver entre ma propre signature et le désir de l’autre. Chaque projet dégage sa propre énergie, et c’est l’énergie de l’espace qui nous oriente.
La passion du design vous vient de votre famille, que vous avez confirmée par une solide formation.
Ma famille était dans le bâtiment et les travaux publics. Au départ, j’ai voulu m’orienter vers une formation d’architecte DPLG. Le destin a fait que c’est le design qui m’a choisie, en postulant à l’Ecole des beaux-arts de Casablanca, et d’avoir eu la chance d’être sélectionnée.
Vous avez créé une marque d’artisanat. Pourquoi s’orienter vers l’artisanat ?
Je m’intéresse beaucoup à l’architecture et la décoration d’intérieure marocaine, car j’estime que l’on n’a pas su mettre en valeur et puiser dans cette richesse. On attend toujours que cela soit des étrangers pour remettre ce patrimoine au goût du jour. C’est pourtant notre mémoire et notre héritage ; il serait temps que les jeunes designers marocains se les réapproprient. Ma marque Irhai est encore en gestation, j’ai commencé par réaliser des coussins brodés avec les différents types de broderie des régions du Maroc, mais il y a aussi les zelliges qui m’intéressent.
Quel est votre rapport à la matière ?
La matière, selon moi, c’est d’abord quelque chose de visuel et de tactile. Cela passe par l’œil d’abord, puis le toucher. Quant au choix des matériaux, j’aurai tendance à choisir des matériaux naturels. Tout ce qui vient de la nature est plutôt reposant. C’est de la matière vivante qui réagit, au contact de l’air, qui patine avec le temps.
Quelle est votre conception du design ?
Le design, c’est l’union du beau, de l’utile et du confort. Et je placerai le confort en premier lieu, parce que le beau est très relatif et subjectif.
Comment définissez-vous votre signature personnelle ?
Je dirais simplicité et naturel. J’aime les intérieurs épurés, les couleurs douces, comme le crème, et encore une fois je place la recherche du confort et du bien-être en premier lieu dans ma démarche d’aménagement d’intérieur. En terme de combinaison de couleurs, je me réfère à la nature, parce qu’on ne s’en lasse jamais. Tout ce qui vient de la nature est forcément beau.
Des projets en cours dans le design d’intérieur ?
Je viens de finaliser un projet organique, dont la couleur dominante est la terre d’ombre, avec un habillage en liège, ce qui n’est pas forcément tendance, mais pour moi intemporel. C’est une maison où l’on ne voit pas de bois stratifié, ni de bardage, ce qui est d’ailleurs dans la tendance. Il y a aussi mon projet à distance au Koweït, où je réalise un majliss. J’ai imaginé bien sûr un majliss en forme de salon marocain.