Toute jeune maison d’édition française, Dada est fondée en 2015 par Thomas Dariel et Delphine Moreau, alors installés à Shanghaï. Rencontre avec ce duo qui, tirant son inspiration du dadaïsme et des productions du groupe Memphis, voit le monde en couleurs et n’hésite pas à bouleverser les codes.
Par : Mélanie Wilms
Pourquoi Dada?
Ce n’est pas un nom que nous avons choisi au hasard! Nous avons opté pour Dada car le dadaïsme, l’un des mouvements les plus significatifs du 20ème siècle, nous a toujours beaucoup inspiré. Nous apprécions particulièrement le fait qu’il réunissait, en plus des artistes, des intellectuels et des scientifiques. Ce n’est pas tant l’esprit antisystème de Dada qui nous a accrochés mais sa cohérence, sa liberté de ton, de création ainsi que sa grande poésie.
Vos prises de position sont assez franches, est-ce une volonté d’être à contre-courant?
Nous avons une signature très identifiée et très identifiable avec des formes fortes et des couleurs qui le sont tout autant. Nous avons conscience que nous ne nous inscrivons pas dans la tendance générale mais cela ne nous fait peur. Notre démarche créative n’est pas guidée par une volonté préméditée d’être à contre-courant, bien que nous soyons ravis de l’être! Avant tout, l’histoire que nous souhaitons raconter est celle d’une rencontre de passion et de création. Nous voulons revenir au centre de la production.
Qu’est ce qui a impulsé la création de la marque?
Si notre marque est très récente, nous sommes dans le milieu depuis de nombreuses années déjà, à travers notre agence d’architecture. Nous avions une réelle expertise en termes de production. A travers les conceptions de nombreux projets, nous nous étions en effet largement penchés sur les matériaux, les mosaïques et les peintures. Pour certains clients, nous dessinions même le mobilier. Au fil du temps, nous avons ressenti le besoin de créer sans balises. En Chine durant 10 ans, nous étions conscients que nous pouvions devenir des acteurs à part entière sur le marché encore balbutiant du design. Nous avions véritablement la possibilité de nous y exprimer.
Comment envisagez-vous vos collaborations?
Nous venons tout juste de signer avec Kiki Van Eijk, une très belle artiste hollandaise. Nous souhaitons continuer à accueillir d’autres designers sans pour autant multiplier à outrance nos collaborations. L’ouverture passe par là, c’est certain, toutefois nous avons envie de pouvoir contrôler notre histoire et notre identité. Nous souhaitons également continuer à associer notre nom à des marques à l’expertise certaine, comme nous l’avons fait avec Cire Trudon ou Lelièvre. C’est très enrichissant car cela nous donne l’occasion de nous frotter à d’autres univers. Enfin, parce que c’est un pays où nous avons exercé pendant de longues années, nous pensons que c’est un peu notre rôle d’être un soutien pour les jeunes designers chinois.
Le Maroc pourrait-il figurer parmi vos destinations-partenaires?
Nous sommes des passionnés d’artisanat. Nous travaillons avec la Chine, la France, l’Italie… Nous nous nourrissons des voyages que nous faisons ainsi que des histoires et traditions artisanales de chaque pays. Ce serait un rêve de travailler ici mais cela demande du temps. Les rencontres entre l’artisanat et le design contemporain ne sont pas simples. Souvent il y a des confrontations, des batailles même. C’est aussi une question de rencontres. Nous profitons de notre venue pour aller découvrir Fès. Nous verrons bien…
Disponible chez Fenêtre sur Cour