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Architectes & DécorateursLuxe

Louis Barthélémy, une réinterprétation poétique de l’Egypte antique

By février 27, 2024mai 16th, 2024No Comments

À l’occasion du bicentenaire de la découverte des hiéroglyphes par Champollion, la Maison Pierre Frey célèbre la richesse symbolique de l’Egypte antique avec sa collection Merveilles d’Egypte. Déployant un large éventail de motifs et de dessins, elle oscille entre reproductions fidèles et inspirations libres avec un regard respectueux des œuvres conservées, mais également une lecture contemporaine et graphique. Pour «Les Poissons du Nil» et «Faune et Flore», la Maison parisienne a fait appel à l’univers gai et coloré de l’égyptophile, illustrateur et créateur de textile Louis Barthélemy.

Photos : Yann Deret

 

Pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours?
Après une enfance à Londres suivie d’études de mode à la Central Saint Martins, j’ai fait mes premiers pas chez Dior à Paris où je dessinais les foulards et imprimés. Après quelques années, j’ai eu envie d’ailleurs et je me suis installé au Maroc tout en continuant à dessiner pour diverses maisons de mode. Au cours d’un voyage en Égypte, je suis tombé amoureux du Caire et je me suis initié à la tapisserie avec un artisan rencontré sur place. Cette découverte marque le début d’un travail artistique plus personnel.

Comment qualifiez-vous votre approche créative?
Intuitive, ludique et exploratoire.

Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans l’univers égyptien et plus particulièrement dans l’Egypte antique?
L’intemporalité des thématiques et des graphismes de l’Égypte antique me fascinent.

Comment est née cette passion?
Cette passion est née jeune. En grandissant à Londres, j’ai découvert les sublimes collections égyptiennes exposées au British Musuem.

Avez-vous des thématiques de prédilection dans la mythologie et l’histoire égyptienne?
Je voue un culte à Hathor, la déesse de l’amour, de la joie et de la beauté. Elle est souvent représentée sous les traits d’une vache et/ou avec un disque solaire entre ses cornes. Un temple mystérieux en Haute Égypte à Dendérah lui est dédié, on est pris par la grandeur du lieu et par la vitalité des fresques vertigineuses de beauté.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre rapport avec l’artisanat égyptien et les “khayamiya” en particulier?
J’ai découvert par hasard cet art textile en flânant dans Le Caire islamique, plus précisément à Bab Zuweila, il y a quelques années. J’observais un artisan travailler avec une dextérité remarquable une toile de coton sur laquelle il cousait des morceaux de tissu. Régulièrement je venais lui rendre visite afin de mieux comprendre son travail. Un jour, je me suis présenté avec un dessin que j’avais préparé afin qu’il soit appliqué et brodé à la main par ses soins. Ce fut le début d’une longue relation collaborative entre lui et moi.

Dans quelle mesure avez-vous inscrit cet artisanat ancestral dans la modernité?
À travers mes dessins reprenant de nombreux éléments graphiques inspirés de l’Égypte antique et d’ailleurs, j’essaie d’aborder des thématiques actuelles. Cette juxtaposition de codes vient troubler une chronologie linéaire et toutes délimitations territoriales, ce qui a pour finalité de souligner l’universalité des sujets traités.

Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre comme message à travers vos créations?
J’espère à travers mes créations inviter l’observateur à apprécier, reconnaître et valoriser l’altérité dans un contexte où celle-ci est souvent condamnée et associée à la haine.

Le Maroc demeure-il une source d’inspiration?
Le Maroc reste mon havre de paix ! Je suis installé à Marrakech lorsque je ne suis pas en Égypte ou à Paris pour des raisons professionnelles. J’aime me poser ici pour dessiner, créer, me ressourcer. Le Maroc est essentiel à mon bien-être et mon équilibre.

Comment est née votre collaboration avec la Maison Pierre Frey?
Au cours d’un séjour à Beyrouth, j’ai fait la connaissance de David et Nicolas, deux designers pluridisciplinaires libanais qui m’ont gentiment convié quelques mois plus tard à un événement Pierre Frey à Paris. Lors de cette soirée, j’ai été présenté à la famille Frey qui cherchait à me rencontrer pour discuter d’une éventuelle collaboration autour d’une thématique égyptienne. Ce fut une heureuse coïncidence !

Quelle est la genèse de deux motifs choisis ? Quelle est leur symbolique?
Pour la Maison Pierre Frey, je souhaitais développer un dessin célébrant la Nature, à la fois fascinante et sublime. À mon sens, on ne peut négliger sa vulnérabilité, qui est évoquée par la représentation d’espèces aujourd’hui éteintes en Égypte, notamment les hippopotames. J’ai donc imaginé des motifs foisonnants pleins de vie aux références antiques traitées de manière contemporaine dans le graphisme. Ces motifs, formants une grande fresque, nous rappellent que cette magnifique biodiversité doit être préservée.

Quels sont vos projets pour 2022?
Cette nouvelle année démarre avec le lancement de notre collaboration avec la Maison Pierre Frey. Pour le reste, je me laisse porter par les vents. La pandémie nous a appris à vivre dans le présent sans trop se projeter. Naturellement, l’année sera rythmée par la création d’œuvres textiles.

Quelle est votre définition du luxe d’aujourd’hui?
Être libre d’aimer, de circuler, de penser et de créer.