Nostalgique de l’ambiance de la Brasserie Lipp ou du Café de Flore ? Poussez la porte du Marly, vous y retrouverez assises en velours, miroirs, marbre et feuille d’or, les codes traditionnels des cafés parisiens repris par le designer Rachid El Mirou.
Après avoir fait le Roosevelt, une petite brasserie de style Art déco, Rachid El Mirou a eu carte blanche pour transformer le Cargo. «Je voulais concevoir quelque chose de plus classique, le différencier des autres restaurants et démocratiser l’ambiance d’un hôtel dans un café, accessible à tout le monde» explique le designer qui s’est inspiré de Paris et de ses cafés «aux matériaux d’illusion, aux miroirs qui multiplient les proportions, aux lumières qui exaltent l’espace, […] aux cascades d’escalier, aux ornements qui font chanter les murs» comme les décrivaient Marcel Zahar et Charles Siclis dans la revue «l’Architecture d’Aujourd’hui» en 1937.
Paris, source d’inspiration
Au Marly, les murs et les boiseries aux tons chauds contrastent avec la fraîcheur de la verdure et le papier peint panoramique qui évoque la jungle. Dans une recherche d’équilibre entre les matériaux, Rachid a conçu un sol composé de trois types de marbre avec des joints en laiton. Les volutes en fer forgées qui coiffent les murs sont un clin d’oeil à la tour Eiffel, les baies vitrées avec leurs profilés en aluminium noir font référence aux ateliers d’artistes et de la menuiserie classique à la française., tandis que la calotte du bar s’inspire du musée d’Orsay. En marbre noir et métal doré à la feuille, il a été dessiné par Rachid et fabriqué dans son atelier (découpe au laser), dans un style oscillant entre Art nouveau et Art déco. Des miroirs vieillis avec une touche de laiton prolongent le bar, qui la nuit, une fois éclairé, est un spectacle à lui tout seul. Les jeux de miroirs pour le tberguig sont aussi une allusion aux brasserie parisiennes. Les tables Art déco en marbre Marron Impérial et bois doré à la feuille et les appliques ont été fabriquées au Maroc, tandis que le lustre en laiton et verre soufflé est signé Marie-Lise Fery pour Magic Circus. Des chaises basses et canapés capitonnés en velours aux couleurs fortes ainsi que des fauteuils cloutés style Art déco en toile de jute et velours invitent les clients, par leur confort, à rester le plus longtemps possible. L’acoustique n’a pas été négligée grâce à un plafond en plâtre avec calepinage et double moulures qui emprisonne les sons. Du logo au choix des chaises Drucker de la terrasse, en passant par la tenue des serveurs composée d’une chemise blanche, d’un noeud papillon et d’un petit gilet noir, tout, dans ce lieu, respire Paris.
Rachid a poussé le détail jusqu’à créer, de chaque côté de l’entrée, des vitrines mettant en scène des évènements ou des produits. Aujourd’hui, nous sommes accueillis par un flamant et un paon empaillés dans la veine des cabinets de curiosités à la Deyrolle qui font écho à la jungle de la fresque et des plantes. «Nous avions envie de proposer autre chose qu’un simple service de restauration» explique Rachid.
Dans ce cadre chaleureux et ultra raffiné, on peut se faire servir toute la journée, du petit déjeuner au dîner en passant par le déjeuner et le tea time. Le Marly propose même sa formule à 165 dirhams autour d’un filet de boeuf grillé et le couscous le vendredi, pas très parisien, mais toujours dans la tradition…
Le Marly, 107 boulevard Moulay Rachid, Casablanca.
Qui est Rachid El Mirou ?
Il se définit comme designer. Autodidacte, il a embrassé ce métier par passion en 1998. Il aime partir de l’objet pour remodeler tout l’espace. «Quand je donnais mes plans à des artisans, je me retrouvais toujours avec autre chose. J’ai fini par fabriquer moi-même alors que je n’étais pas destiné à faire ça» explique-t-‘il. En effet, Rachid a suivi une formation en management et en finance et, une fois son diplôme en poche, a intégré les équipes de Bymaro. Depuis, il va de projet en projet. Il est en train de réaliser un restaurant-café à Californie et un autre à Tanger. «Je ne peux pas vivre sans un nouveau projet en tête. Le travail routinier ce n’est pas fait pour moi».