Connue pour ses couleurs primaires et ses pièces iconiques comme la chaise Wassily, créée par Marcel Breuer en hommage à Kandinsky, le berceau Wiege conçu par Peter Keler ou encore le fauteuil Barcelona de Ludwig Mies van der Rohe, cette école d’art révolutionnaire a aussi marqué son temps par sa réflexion autour d’une architecture minimaliste et son concept d’œuvre d’art totale, mettant un terme à la hiérarchisation des arts.
Tout a commencé en 1919 avec Walter Gropius qui, désireux d’imprimer un changement radical dans les formes d’expressions, crée une école d’art d’un genre nouveau. Installée à Weimar en Allemagne, elle réunit alors toute l’avant-garde allemande et plus largement européenne. Matérialisant une vibrante critique de la société industrielle, accusée de favoriser le profit au détriment du beau, cette école rassemble une poignée de passionnés et d’idéalistes convaincus de l’importance de mettre de l’art dans les objets du quotidien et de révolutionner l’habitat. Malgré une histoire mouvementée et une fermeture prématurée, par les nazis, en 1933, elle a joué un rôle significatif dans l’irruption de la modernité dans l’architecture et le design. Les idées et les techniques développées par le Bauhaus continuent d’ailleurs de faire écho dans le monde entier.
Un laboratoire créatif
Le Bauhaus, en plus d’être influencé par le modernisme, courant occidental apparu à la fin du 19ème tendant à remettre en cause les différentes composantes de la création artistique (peinture, architecture), tire son inspiration du mouvement anglais Arts & Crafts. Porté entre autres par William Morris, ce mouvement souhaitait supprimer la distinction entre artistes et artisans tout en les incitant à user de leurs talents pour créer des objets de la vie quotidienne. Capitalisant sur ces idéologies, Walter Gropius et plus tard Hannes Meyer, directeurs de l’établissement, ont également tenu à instaurer un cadre propice à la réflexion et à l’expérimentation créative. Visant à créer une véritable émulation artistique, ils ont opté pour un système d’enseignement révolutionnaire basé sur de réels échanges entre maîtres et étudiants et un refus catégorique de l’imitation. Tous avaient dès lors, l’occasion de s’épanouir, de se découvrir et de développer leurs aspirations profondes.