A une heure de Marrakech, lovée aux pieds des montagnes du Haut Atlas, environnée d’une nature préservée, Ouirgane abrite désormais l’un des plus beaux boutique hotels du Maroc. Ici, rien d’ostentatoire mais une élégante simplicité où modernité se conjugue avec authenticité. Découverte d’un lieu inspiré et inspirant.
Tout commence il y a quelques années lorsque, tombés sous le charme de Ouirgane, ce petit bout de paradis sur terre, Anwar Harland-Khan et son frère, décident d’y faire l’acquisition d’un terrain pour y construire une retraite en accord avec le site. Leur vision est claire. Ils souhaitent en effet édifier des bâtiments aux lignes actuelles mais s’intégrant parfaitement dans la nature environnante; un lieu qui permet tout à la fois de profiter d’un écosystème exceptionnel et de participer à sa préservation raisonnée.
Ils font alors appel à Nick Gowing, un architecte établi à Londres, qui réussit un équilibre parfait entre architecture contemporaine et inspirations locales. C’est au détour du chemin qui conduit le visiteur de la belle et étourdissante Marrakech à travers la fascinante et verdoyante vallée de Ouirgane qu’émerge subitement la riche terre rouge du plateau de l’Amandier. La découverte des jardins, en suivant la courbe sinueuse de petits sentiers, est déjà un pur enchantement. Les odeurs de la terre couplées aux parfums des amandiers et des citronniers ainsi que le chant des oiseaux qui y ont trouvé refuge attestent de la réussite des deux frères à magnifier ce site. Puis vient l’effet de surprise, de belle surprise, orchestré de main de maître par Nick Gowin qui, tout en restant fidèle à la palette de couleurs naturelles. Il a merveilleusement juxtaposé les lignes géométriques audacieuses des bâtiments aux contours des collines et des montagnes du Haut Atlas afin de les fondre littéralement dans le paysage. Une véritable leçon d’architecture moderne inspirante où le langage architectural contemporain est complété par l’utilisation de matériaux de construction locaux traditionnels aux effets spectaculaires. Ainsi, les petites briques artisanales sont symétriquement alignées sur les tours extérieures pour contrebalancer les murs lisses.
L’architecture intérieure est également riche en contrastes étudiés. Elle est signée par Michael Kopinski qui souhaitait créer un intérieur calme et paisible «qui ne lutterait pas avec le paysage époustouflant qui l’entoure mais au contraire, le reflète et le complète; une oasis confortable où les teintes de bleu sarcelle et neutres offrent un repos pour les yeux.» La nature a été son inspiration principale, de la conception du mobilier au choix des couleurs et des tissus faisant émerger une interprétation moderne et organique, à la fois zen et brute, du style marocain traditionnel.
Les portes en sont un bel exemple. Minutieusement taillées de motifs géométriques traditionnels, elles sont finies par un noir mat pour un effet saisissant, rehaussé par des poignées en acier bruni. Les étoffes, tissées à la main, ont été créées en collaboration avec Marion Verdier de l’Atelier Nihal de Marrakech, incorporant la couleur signature, le bleu sarcelle. Les couleurs tendres du tadelakt, du bejmat et du zellije évoluent au fil de la journée et des regards que leur apportent le soleil traversant les longues et étroites fenêtres et inondant l’espace d’une lumière douce et maîtrisée. Celle-ci joue aussi sur les diverses textures. Ainsi, les lampes en métal frappé à la main brillent comme des ondulations sur l’eau, tandis que le bar en marbre poli et les tables de chevet en métal étincellent aux côtés des carreaux émaillés, rappel en forme de clin d’œil de l’eau qui descend de la montagne et joue avec les rayons du soleil.
Les six somptueux lustres du bar et du restaurant font écho aux sièges en forme de coquille d’œuf, reflets de deux univers, de deux mondes créatifs qui se marient parfaitement. Le choix de matériaux et la prédilection des courbes adoucissent l’architecture moderniste de l’extérieur, sans être trop rustique ni trop opulent. «L’intérieur de l’hôtel est comme une eau scintillante. La palette de couleurs reflète les magnifiques verts riches des vallées luxuriantes environnantes et la couleur de l’argile cuite des couchers de soleil… mais atténuée comme un écho», ajoute l’architecte d’intérieur. Les touches de bleu sarcelle servent d’ancre au regard, tenté de se perdre au loin, dans ce paysage environnant qui, grâce aux multiples ouvertures, est l’une des pièces maîtresses de la décoration intérieure.
Des lustres contemporains se marient parfaitement à des tapis traditionnels, des petites tables et du mobilier en noyer. Réalisés par des artisans locaux, ils concrétisent la vision de développement durable chère aux concepteurs de l’Amandier et parfaitement comprise par Michael Kopinski. Ils participent aussi à cet équilibre permanent entre inspirations d’ici et d’ailleurs qui crée le sentiment d’être dans un lieu à la fois hors du temps mais familier et bienveillant.
Le mariage des architectures locales et internationales se poursuit au niveau des cours des treize villas privatives, inscrites dans le domaine. En effet, à l’instar du riad traditionnel, la cour en est l’épicentre, jouant pleinement la carte d’espaces privés et exclusifs, enveloppant leur hôte dans un cocon préservant leur intimité. Chaque villa dispose d’une vaste terrasse sur le toit avec un coin salon sous pergola tendue de coton blanc. C’est là, dans le confort de coussins profonds que l’on peut le mieux profiter d’une vue spectaculaire sur l’environnement, le Parc National du Toubkal. Une toile de fond idéale pour un coucher ou un lever de soleil, la promesse d’une nuit ou d’une journée mémorable en pleine «thérapie environnementale», loin, si loin du monde contemporain.