Kenza Essamgani nous dévoile son parcours et sa vision unique de l’artisanat marocain. De ses premiers pas avec le vase L’Goulla à son approche novatrice de la création artisanale, elle nous raconte comment elle équilibre tradition et innovation tout en célébrant l’histoire et la culture de la femme marocaine.
@850degres
La création doit être responsable, éthique et durable. J’envisage d’élargir cette approche à la création d’objets, de meubles et à la culture constructive locale.
Quelle histoire ou quel message cherchez-vous à transmettre à travers vos designs ?
Mes débuts artisanaux ont commencé avec L’Goulla, un vase traditionnel. Symboliquement un contenant, il devient une toile de discussion entre les Aakades et l’argile émaillée. Cela montre notre perception des objets utilitaires et leurs expériences. La fonctionnalité du vase révèle une poétique de l’objet.
Aujourd’hui, L’Goulla exprime la féminité marocaine avec des éléments du Caftan et du Tchamir, comme le motif Lekhrib de Fès, incarnant l’histoire des femmes marocaines. Je célèbre et questionne mon identité et celle de nos mères et grands-mères, au-delà des frontières générationnelles et temporelles.
Quel équilibre entre la préservation des traditions artisanales et l’innovation dans votre travail ?
Je ne sais pas si mon travail est vraiment innovant, car j’utilise des matériaux millénaires. La nouveauté réside dans l’interdisciplinarité entre la poterie et la couture des Aaqades.
J’apprécie particulièrement les œuvres artisanales de notre mémoire collective. L’innovation consiste à intégrer des stratégies numériques, des méthodes modernes de gestion, logistique et marketing, souvent absentes dans l’artisanat, pour améliorer la visibilité et l’accessibilité de notre savoir-faire.
Comment le dessin à main levée et la peinture à l’huile influencent-ils votre création artisanale et architecturale ?
Je valorise la flexibilité entre diverses plateformes de conception. Les esquisses, peintures et dessins infographiques (2D et 3D) permettent une grande expérimentation. Les logiciels comme Rhinocéros sont essentiels en architecture, proches de la sculpture. Cependant, le dessin à main levée, mêlant intellect et émotion, reste irremplaçable et communique efficacement avec les artisans.
Quelle est l’importance du processus de transformation de l’argile jusqu’à sa cuisson à 850 degrés ?
Dans un atelier de poterie, chaque étape est cruciale, de la manipulation de l’argile à la cuisson. La poterie enseigne discipline, rigueur et présence. L’argile a son propre rythme, exigeant préparation, repos, et malaxage.
Le moment culminant est l’ouverture du four, où les émaux révèlent leurs couleurs. C’est un moment de joie et d’excitation, parfois cérémonial, comme lors de ma formation en émaillage.