Pour ses 60 ans, Roche Bobois a fait appel à la plasticienne portugaise Joana Vasconcelos, artiste engagée à l’univers détonant.
Réputée pour ses sculptures monumentales et ses œuvres hautes en couleur, Joana Vasconcelos créée pour Roche Bobois une collection anniversaire qui marque à coup sûr les esprits. Ligne de sièges et d’accessoires plurifonctionnels à la fois confortables, ludiques et gourmands, Bombom décrit des formes fluides organiques et des coloris inspirant la joie de vivre.
Si vous n’aviez que quelques mots pour vous présenter et définir votre style, quels seraient-ils?
J’ai une grande affinité avec le Baroque. Ce courant m’influence beaucoup et impacte tout particulièrement mon travail. J’aime imaginer les choses en grand, en couleur et avec légèreté et plaisir, cela m’apporte de la joie. Je pense que nous avons réussi à transférer tout cela dans la collection Bombom. J’aime aussi explorer les frontières entre le public et le privé, le traditionnel et le contemporain.
Qu’est-ce qui vous inspire?
Ma principale source d’inspiration est la vie quotidienne, les objets qui m’entourent et la façon dont nous sommes reliés à eux. Une grande partie de mon travail consiste à les sortir de leur contexte, de même qu’à remettre en question nos comportements et les contraintes sociales auxquelles nous devons faire face. Je suis également pleinement consciente que je ne pratiquerais pas mon art de la même manière si je n’étais pas premièrement une femme et deuxièmement une Portugaise. Ma condition féminine et mon héritage culturel m’inspirent énormément.
Pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre rencontre avec Roche Bobois?
C’était un bel hasard. Je recherchais une lampe à placer sur le bureau où je dessine habituellement et j’ai eu la bonne idée de me rendre chez Roche Bobois à Lisbonne. Sur place, j’ai eu une conversation avec le directeur qui m’expliquait que Roche Bobois avait l’habitude de proposer des collaborations enthousiasmantes à des artistes. Un jour, une demande m’est parvenue et je me suis empressée de l’accepter. L’anecdote, c’est que j’utilise ma lampe tous les jours!
Quel est le modèle iconique que vous aviez préféré réinterpréter lors de votre première collaboration?
J’ai adoré faire le Mah Jong parce qu’il m’évoque un souvenir d’enfance, mes parents en avaient installé un dans notre maison familiale. J’étais aussi très heureuse d’avoir la chance de recréer une pièce aussi emblématique de l’histoire du design. Toutefois, j’ai eu aussi beaucoup de plaisir à couvrir au crochet la chaise Ava et d’autres pièces inspirantes.
Quels étaient les challenges de cette nouvelle collaboration qui a donné naissance à la collection BOMBOM?
Pour moi, le plus grand défi a été de considérer le confort. En tant qu’artiste plasticienne, c’était une notion dont je n’avais jamais eu à m’inquiéter auparavant. Même si mon travail était très tactile et interactif, c’était la première fois que je devais créer quelque chose en utilisant des concepts tels que le confort et l’ergonomie. D’un autre côté, le passage du pictural au tridimensionnel représentait également un défi. J’étais très curieuse d’observer le transfert entre les dessins sur papier et les tapis et les coussins. J’ai été agréablement surprise et depuis, je veux faire des dessins de plus en plus grands.
Qu’évoque pour vous le nom de la collection?
Depuis le tout début, nous avons remarqué une ressemblance entre les canapés et les bonbons gélifiés tant dans les formes que dans les couleurs. Nous avons donc décidé de développer ce thème, qui évoque l’enfance, l’amusement et les jours créatifs. Doux et plein de potentiel, il fait référence à un moment de la vie où toutes les options sont ouvertes, tout comme la collection offre de nombreuses possibilités.
On vous connait pour la force des messages que vous passez dans vos créations. Selon vous, est-ce plus ardu de faire passer des messages à travers ce type de réalisations?
Je ne vois pas une si grande différence. Pour commencer, les canapés proviennent de mes peintures au crochet et les tapis sont des reproductions à grande échelle de mes dessins. Le but de mon travail est de rendre les gens heureux et je pense que la collection, qui est tellement joyeuse et édifiante, le fait aussi. J’apprécie aussi créer des pièces avec lesquelles le public peut interagir : voir, écouter, toucher et ressentir. Et cela est également possible lorsque vous entreprenez d’organiser à votre guise et d’envisager votre propre expérience avec Bombom. Il vous suffit simplement de sélectionner les pièces et les options qui ont le plus de sens dans votre maison et dans votre vie.
Selon vous, le design doit-il suivre la mode?
Les grands créateurs se retrouvent dans les arts visuels, le design et même la mode. Ce qu’ils font, ce n’est pas de suivre les tendances mais d’interpréter les courants actuels et de se projeter dans le futur.
Quel est votre coup de cœur personnel au sein de la collection?
Il est difficile de choisir parmi ses propres créations mais je dois dire que j’ai un faible pour le canapé rose, à la fois pour sa forme et sa couleur. Il est très vibrant et exaltant.
Quelles sont vos définitions du french art de vivre et du luxe?
Les français ont défini l’art de vivre, avec grâce et élégance, tout en gardant un regard frais et décontracté. Je pense que Roche Bobois le fait très bien. Il y a des marques qui se concentrent uniquement sur la vente et il y en a d’autres, comme Roche Bobois, qui ont un profond respect pour le goût sûr et qui excellent à combiner le bon goût et le confort, et ce depuis 60 ans maintenant. Ce fut un privilège de collaborer avec eux et de faire le pont entre les espaces architecturaux et l’art contemporain.
Si vous n’aviez aucune contrainte, que rêveriez-vous de créer?
Mon prochain projet. Toujours. J’ai beaucoup d’idées qui mûrissent dans mon esprit et qui se concrétiseront quand l’heure sera venue.
Pensez-vous que nous aurons le plaisir de vous retrouver sur un projet de design fonctionnel?
Ce partenariat avec Roche Bobois se déroule si bien que nous travaillons actuellement à l’élargissement de la collection… Et qui sait ce que l’avenir nous réserve ?!
