India Mahdavi, on l’aime pour son cosmopolitisme (elle est née en Orient, a été élevée et a réussi en Occident), sa passion pour la couleur (présente dans tous ses projets), sa triple casquette (d’architecte d’intérieur, de designer et d’éditrice de ses collections de meubles), les lieux qu’elle créé et qui ne laissent jamais indifférent, sa liberté et son talent. Suffisamment de raisons pour avoir envie de l’interviewer…
Qui est India Mahdavi
Née à Téhéran de parents iraniens et anglo-égyptiens, India Mahdavi a grandi aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. Elle a fait des études d’architecte à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris avant de s’envoler pour New-York où elle s’est formée au designindustriel et de mobilier et au graphisme. De retour à Paris, elle a intégré le studio de Christian Liaigre, puis a été nommée directrice artistique. Au bout de 7 ans, en 1997, elle a repris sa liberté. Elle s’est fait connaître avec The Townhouse, un hôtel de Miami ouvert en 2000. Aux Etats-Unis où elle travaille beaucoup, on la surnomme «The Queen of color». En 2003, elle a lancé sa première collection de mobilier qui se déploie au Show room #3 rue de las cases, dans un espace très parisien de 140 m2. Plus de cinquante modèles – objets ou mobilier – se côtoient dans une scénographie régulièrement actualisée autour de nouveautés. Depuis, le Show room #19, au 19 de la même rue, a ouvert. India Mahdavi a conçu beaucoup d’hôtels (Le Cloître à Arles, l’Apogée à Courchevel, la Maison Thoumieux et le Connaught hotel à Paris, Le Monte Carlo Beach), de restaurants (The Gallery at Skectch à Londres, Ladurée à Beverly Hills, le restaurant de Jean-François Piège à Paris), des boutiques (Red Valentino à Londres et Rome)… Elle a aussi collaboré avec de prestigieuses marques : Louis Vuitton, la Manufacture Cogolin, Bisazza, Nifular, Petite Friture et dernièrement Pierre Frey.
Restaurant Sketch à Londres
Née en Iran, élevée aux Etats-Unis puis en Allemagne, pourquoi avoir choisi la France pour vous installer ?
J’ai choisi Paris parce que Paris m’a choisie, et que c’est l’une des dernières capitales du monde où la culture est totalement intégrée à la ville, où l’on peut encore flâner, de la rive gauche à la rive droite, et où le présent n’a pas détruit le passé, l’histoire.
Collection True Velvet pour Pierre Frey
Ayant plusieurs casquettes, comment vous définissez-vous ?
Je suis architecte, je crée des lieux autant que des meubles, dans un environnement assez particulier puisque je maîtrise la production de A à Z au coeur de la rue Las Cases, qui est un véritable éco système.
Le Connaught hotel à Paris
Nomade, glamour, néobaroque… Quel est votre style ?
Nomade, cosmopolite, polyglotte et polychrome.
Restaurant Ladurée Beverly Hills
Quel est votre rapport à la couleur ?
Addictif. La couleur est un langage, une expression.
Tapis de la Manufacture Cogolin
Quelles sont vos matières de prédilection ?
J’en ai plusieurs, comme le velours, la céramique, le rotin.. Des matières que je mets à l’honneur dans le showroom et le nouveau #3, avec notamment la collection True Velvet que je viens de dessiner pour la Maison Pierre Frey.
Quel est votre moteur ?
La lumière. Celle des lieux et celle des gens que j’aime.
Hôtel Le Cloître à Arles
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
L’enfance, le cinéma, la vie.
Tabouret Bishop
Comment appréhendez-vous un projet ?
En essayant de trouver des solutions. Chaque projet correspond à un lieu précis, à un mode d’emploi. Chaque lieu est pour moi une rencontre.
Table Parrot pour Petite Friture
Lieux publics, lieux privés, où vont vos préférences ?
Je n’ai pas de préférence, l’idée est de pouvoir s’adapter au mieux, tout en marquant son empreinte, pour révéler ces lieux at the best.
Son livre : Home
Cet ouvrage est conçu à la manière d’un carnet de tendance, il rassemble pour la première fois toutes les «recettes déco» d’India Mahdavi avec la complicité de Soline Delos. Des studios aux très grands appartements, India Mahdavi, pièce par pièce, vous guide dans vos choix, elle vous donne ses conseils pour changer de décor, faire vos achats et vous dit comment éviter les faux pas. Dans un esprit «pratique», vous aurez les réponses aux pires casse-tête : choix des canapés, tables basses, étagères, lampes, lits, rangements, etc. Elle donnera pour la première fois ses meilleures adresses, pour chiner, du vintage au design contemporain, et pour donner une seconde vie aux meubles anciens.
La nouvelle bible de tous ceux qui veulent donner du style à leur maison.
Flammarion
Quels sont vos maîtres en architecture et en design ?
Ettore Sottsass, Gio Ponti…
Pourquoi avoir choisi de vous auto-éditer ?
Parce que c’était pour moi la seule solution pour éviter des problèmes de fabrication qui peuvent tout flanquer par terre.
Vous ne faites pas beaucoup de collaboration, pourtant, dernièrement vous avez créé une table pour Louis Vuitton, une collection de tapis pour la Manufacture Cogolin et des tissus pour Pierre Frey. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces collaborations ?
Ces collaborations naissent d’échanges, de rencontres, elles me poussent à inventer de nouvelles histoires, partant de la fonction. J’ai récemment réalisé pour Monoprix une collection de 110 références «Christmas Summer», et je travaille également sur d’autres collaborations pour 2018. J’aime l’idée que l’imaginaire et la couleur puissent s’emparer d’un objet quotidien pour lui donner un autre sens, pour le rendre différent.
Quel est le message clé de votre livre Home publié chez Flammarion ?
C’est un livre de recettes pour donner du style à votre maison, 20 ans d’expérience en 50 pages.
Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?
Plusieurs projets résidentiels (St Jean Cap Ferrat.. San Francisco.. New York, Londres..).. l’ouverture prochaine du department store «La Rinascente» à Rome.. le refit du Coburg bar at The Connaught à Londres.. et plein d’autres encore «secrets»
Vous avez fait le tour du monde, vos pas vous ont-ils déjà menée au Maroc ?
Of course – je suis venue de nombreuses fois – Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger —
J’ai encore beaucoup à voir.
Quelle est votre définition du luxe ?
L’accès à la culture, à la liberté d’expression et d’action.
