Améliorer le mode de vie des personnes, aller au-delà de l’objet, imaginer la vie autour, lui donner une âme, et raconter l’histoire de son existence, forment la philosophie du designer Hind KHARIFI, née à Meknès en1993. Son travail ne se résume pas qu’à la création d’éléments décoratifs dans le seul but d’embellir un espace, mais plutôt faire vivre une expérience inédite aux gens.
On dit que le regard est le miroir de l’âme et que chaque regard est unique. C’est pour cela qu’on cherche à le mettre en valeur qu’on porte des lunettes ou pas. La preuve en est que les lunettes, qui ont pour fonction de corriger la déficience visuelle ou de protéger du soleil, ont dépassé leur fonction initiale pour devenir de véritables accessoires de mode et certaines marques les conçoivent aujourd’hui comme des bijoux pour le visage.
Design du regard
Son intérêt pour les lunettes vient en partie de là et en faisant des recherches, elle est tombée sur le titre d’un article qui l’a interpellé, «Des yeux africains derrière des lunettes européennes ?» . L’article en question n’avait rien à voir avec les lunettes au sens propre, mais traitait de la marginalisation des africains dans le processus d’élaboration des connaissances sur leurs propres sociétés. Toujours est-il que ce titre lui a trotté dans la tête pendant qu’elle cherchait un concept pour développer son projet de fin d’étude, en se demandant ce qu’elle pouvait proposer de nouveau dans un marché saturé de lunettes et de montures en tout genre.
En prenant ce titre à la lettre, elle a trouvé une piste : faire des lunettes marocaines pour des yeux marocains.
Designer multidisciplinaire, elle fait aussi du design graphique, de l’illustration, mais également le design d’objet et l’architecture d’intérieur, son principal projet du moment c’est la conception de plusieurs collections de tapis destinés à l’édition, sur des thématiques différentes inspirés de la culture marocaine en générale et amazigh plus spécifiquement.
Hind KHARIFI travaille avec des artisans et bijoutiers et les matières premières utilisées dans l’artisanat marocain. Pour ses montures elle utilise des matériaux recyclés.
Optique déstructurée
Créer des modèles de monture lui a ouvert les yeux sur ce support qui peut être aussi expressif que le regard qu’il orne,
Mais également donné envie d’explorer d’autres relations du design avec le corps humain ou ses autres sens, notamment
l’ouïe à travers l’appareil auditif par exemple!
Pour sortir de l’ordinaire, Hind s’est permise de perturber la morphologie coutumière de la lunette, afin de déstructurer les habitudes de l’utilisateur et découvrir ainsi de nouvelles façons de les porter.
En suivant la même procédure de travail, ses expérimentations la conduisent, à faire des choix pertinents.Dans cette optique, elle modifie l’apparence d’une monture ordinaire pour en créer une autre différente à travers le découpage, le collage, ou l’addition de nouveaux éléments. Dans cette phase, elle utilise le dessin, l’outil informatique et l’expérimentation plastique. L’enjeu étant de se familiariser davantage avec la monture.
Les formes engendrées à partir de ces expérimentations sont redéssinées sous plusieurs modèles et stylisées pour sortir de la forme originale et obtenir des montures simples et modernes.