Une double culture marocaine et occidentale, mais surtout un imaginaire artistique riche en reliefs et en empreintes berbéro-arabo-andalouses, qu’elle fusionne dans toutes ses créations. Rencontre avec Myriam Mourabit.
Son enfance…
Bien que née en France, ses parents sont vite de retour au Maroc. Myriam Mourabit grandit à Mohammedia, Tanger, Paris puis Rabat auprès d’un père à l’esprit plutôt scientifique et une mère dans le médical, bien qu’un peu artiste aussi, et très grande cuisinière, comme ses deux grands-mères cordon-bleu. Ainsi, Myriam évolue dans une famille à très forte tradition culinaire, avec autour beaucoup de couleurs, de parfums, d’épices, et de culture festive marocaine. « Nous voyagions aussi beaucoup, dans tout le Maroc. Mon père nous emmenait régulièrement dans les souks ruraux, les fêtes collectives, au festival des arts populaire de Marrakech, autant de traditions, de couleurs, de motifs qui ont marqué mon imaginaire ».
Son parcours
Sa première formation en arts appliqués, à l’Ecole Duperré à Paris, très techniques, lui apprend à regarder, analyser les choses et à comprendre la matière, à travers différents ateliers ayant trait par exemple à la couleur, la métallurgie fine ou la gravure. Myriam Mourabit parfait sa formation à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, plus artistique, où elle enchaîne les ateliers, en céramique vitrifiée, en soudure, en menuiserie… «Si je pouvais. Je serais encore en train d’étudier!». Quelques voyages en Europe l’imprègne d’autres cultures, comme l’empreinte arabo-andalouse en Espagne. «Je reste fascinée par les traditions locales, les vêtements, l’alimentation, les modes de vie de par le monde.» Mais il était évident pour MM de revenir travailler au Maroc, créer son bureau de style, surtout être indépendante et de donner libre cours à son imagination.
Premieres Inspirations …
Après ces sept années à Paris, en revenant au Maroc, Myriam Mourabit ressent le besoin, en tant que designer textile et de mode, de transposer ses idées sur de la matière, et c’est son amour de l’artisanat qui va l’orienter. «J’aime beaucoup l’univers des artisans, leur façon de travailler, leur approche très méditative, donc je me suis orienté vers la décoration, et les commandes ont commencé à affluer. La céramique a pris le devant de la scène, c’est devenu une marque, puis des collections récurrentes, pour chaque saison, toujours au service de la terre et de l’empreinte, sans que cela soit anecdotique ou folklorique».
Son style
Demandez-lui de définir son style, elle répondra toujours par le mot «empreinte», qui renvoie au relief, aux motifs ethniques, aux tatouages et bien sûr au zellige, comme on a pu le voir récemment au pavillon du Maroc à Dubaï, où Myriam Mourabit a géré une animation culturelle autour d’une fresque en sticker de zellige, révélant sa fascination perpétuelle pour ces lignes qui se croisent et se combinent à l’infini pour créer le motif, et qui suscite toujours autant d’émotion chez la designer et son public.
Son univers créatif
Il y a une dizaine d’années, Myriam Mourabit éprouve le désir de se diversifier au-delà de l’objet, qui n’est pas chez elle une fin en soi. S’exprimer autrement, être plus dans la recherche fondamentale, et aller vers des projets différents. Si l’on associe systématiquement le nom de Myriam Mourabit à ses célèbres céramiques, son univers créatif est bien plus vaste, et riche de créations ponctuelles et diverses, dans la réalisation d’identité visuelle de marques, dans la chocolaterie, les épices, les bougies, notamment pendant les dix ans de collaboration avec les bougies Comaral, qui ont voyagé à travers le monde, avec les pâtisseries de Maymana, les parures de lit de La Maison de blanc, mais aussi ce tapis conçu avec Artco, ou encore ses nombreuses interventions dans l’événementiel.
Sa vision
Quelque soit l’objet créé, celui-ci doit être fonctionnel. Mais la vision de Myriam Mourabit se traduit toujours par cette «empreinte», au sens culturel, qui renvoie à quelque chose de très intime chez elle. «Je suis issue d’une double culture, d’un père marocain et d’une mère française, les deux se sont conjugué, et plutôt que de le voir comme un problème, je le vois comme une richesse. Cela me permet d’avoir un regard sur la culture marocaine et sur ce qui existe dans le monde occidental, avec mes yeux de marocaine. Dans tous les projets que je travaille, dans tout ce que j’aborde comme matière, il y a toujours cette empreinte, ce relief qui détermine mon approche artistique».
Ses dernières Créations
Actuellement, Myriam Mourabit s’essaye à d’autres matériaux notamment le béton fibré, habituellement utilisé dans de grandes dimensions, qu’elle a imaginé en objets de moindre taille, notamment en mobilier urbain, des lanternes très résistantes à usage extérieur ou pour l’hôtellerie. Une matière nouvelle que la designer compte décliner en panneaux décoratifs ou en kiosque modulables.