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Luxe

A+A Cooren : «Le Luxe, c’est le temps»

By septembre 3, 2014septembre 3rd, 2024No Comments

A+A pour Aki et Arnaud, deux designers qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école Camondo et qui depuis ne se sont plus quittés. Ils ont créé leur agence A+A Cooren Design Studio en 1999, se sont mariés et sont devenus parents tout en travaillant dans le domaine du luminaire, leur spécialité, mais également du produit, du meuble et de l’aménagement intérieur. Connus pour leur design sobre et poétique, ils cherchent à réintégrer de façon subtile la nature dans les objets du quotidien, ainsi que dans l’architecture intérieure. Leurs créations sont éditées par Artemide, Metalarte, Tronconi, Vertigo Bird, Yamagiwa…. Ils ont dessiné le showroom de Shisheido Europe, conçu l’exposition presse itinérante de Chanel Haute Joaillerie, travaillé sur des lancements presse pour Guerlain et Hermès Parfum…Ils nous disent tout sur leur travail à quatre mains, leur style, leur rapport à la nature et au luxe, leur perception du Maroc.

 

Hippo pour Vertigo Bird, aussi joyeuse que la tête d’un hippopotame, Hippe n’est jamais exactement dans la même position comme tout dans la nature…

Comment et où vous-êtes vous rencontrés ?
Aki : Il y a 17 ans à l’Ecole Camondo à Paris . Moi je suis venue du Japon pour faire mes études et Arnaud est venu de Belgique. Depuis, nous ne nous sommes pas quittés. En sortant de l’école, nous voulions travailler ensemble.

Justement, vous avez créé le studio A+A Cooren dès votre sortie de l’école. Pourquoi ?
Arnaud : Parce que nous étions des cow-boys. Plus sérieusement, cela n’était pas facile de trouver une place en agence pour une équipe de deux. Et on avait vraiment envie de travailler ensemble.

Square pour Artemide

Quels sont les avantages d’un travail à deux ?
Aki : Le recul par rapport au projet. Nous sommes un homme et une femme et culturellement nous sommes aussi différents.
Arnaud : Ce mélange homme/femme, Asie/Europe nous offre un regard plus ouvert. Ca nous permet de nous attacher à l’usage. Ca se fait en soustraction. Nous avons plein d’idées tous les deux et à la fin on voit ce qui reste. C’est une richesse pour la poubelle.

Comment définissez-vous votre style ?
Aki : Pour nous, ce qui est important c’est l’usage.
Arnaud : On veut que les choses soient naturelles, mais dans le sens de Lavoisier : «ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément».
Quand on travaille sur un produit, on en parle beaucoup, on se demande si il va apporter quelque chose, on s’interroge sur sa légitimité. On enlève le maximum dessus. La simplicité entraîne souvent la complexité de fabrication. Quand on regarde la lampe Vertigo par exemple,on sait comment la démonter pour changer l’ampoule. On n’a pas besoin d’un mode d’emploi. Le design est intéressant, car il retire une complexité à la vie quotidienne pour laisser la place à autre chose.
Aki : On essaye de concevoir des objets par rapport au contexte donné.

Inspiré par un motif graphique japonais, Yabané (flèche en japonais) est une commode à tiroirs en frêne qui s’ouvre dans deux directions. Co-édité avec Walnutstgroove.

Pourquoi vous-êtes vous spécialisés dans le luminaire ?
Arnaud : Nous aimons bien les luminaires depuis le début. En sortant de l’école, nous avons beaucoup travaillé pour des directeurs artistiques de grandes maisons, particulièrement chez LVMH. Nous avons fait nos armes en donnant des idées aux gens qui faisaient les magasins. Nous avons donc commencé par le luminaire architectural. Nous sommes ensuite passés au luminaire décoratif. Maintenant, nous dessinons la lumière avant de dessiner l’objet.
Aki : On aime le côté immatériel de la lumière.
Arnaud : La lumière comme le son est très difficile à attraper, à canaliser. Une fois qu’on a la lumière, l’objet en découle. C’est souvent le contexte dans notre travail qui nous guide vers la réalité.

Quel est votre rapport à la nature ?
Arnaud : Il est important que l’homme ait une connexion avec la nature. Le but c’est de percevoir la nature dans l’industrie. C’est aussi une valeur d’usage.

Tourbillon, un vase qui évoque le cycle de l’eau, arrêt sur image d’une subtile harmonie naturelle (auto-édition).
© Joao Vieira Torres

Cela se fait-il à travers le choix des matériaux ?
Arnaud : Nous n’avons pas de restriction au niveau des matériaux. L’important c’est d’utiliser le moins de matière possible.
Aki : Nous voulons aussi faire des objets qui restent.
Arnaud : Soit on plie la nature à nos besoins, soit on essaye de produire des choses qui mettent en éveil la nature. Soit on fait un aquarium pour les poissons, soit on le fait pour soi. Nous, on le fait pour les poissons.
Nos premiers regards vont vers la lumière, l’air et l’eau, des choses immatérielles qui ont une grande influence sur nous.

Quelle est votre définition du luxe ?
Arnaud et Aki (en coeur) : Le luxe c’est le temps.
Arnaud : Nous sommes restés petits, car on veut prendre le temps de faire ce que l’on veut. Notre métier c’est souvent une question de rencontres. On ne veut pas travailler coûte que coûte, mais on veut élaborer des choses avec des personnes qui ont des idées qui vont dans le même sens que les nôtres.
C’est ça notre luxe à nous.

Collection de tables Shila pour Coédition
© Nicolas Millet

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Arnaud : Sur la Jeune rue à Paris. On fait une quincaillerie avec José Levy.
Aki : On travaille aussi sur des luminaires et du mobilier. Arnaud : Et on réfléchit sur un concept de hi-fi. C’est une chose très technique, mais justement on ne veut pas montrer cette technique.
Nous sommes contents quand nous pouvons acheter nos produits. Il faut qu’ils ne soient pas trop chers et de très bonne qualité. Les Japonais sont les clients les plus difficiles au monde. Avant que Aki achète quelque chose chez nous, il faut beaucoup travailler…

Dans l’absolu, qu’aimeriez-vous créer ?
Arnaud : Un objet qui vole, mais longtemps…
Aki : Des casseroles. En fait j’adore cuisiner. Et alors que dans le design, on voir la concrétisation d’un projet qu’au bout de deux ans, là, avec la cuisine c’est presque immédiat. On voit le résultat tout de suite.

Quelle est votre perception du Maroc ?
Aki : Moi, je n’y suis jamais allée, mais quand je vivais à Paris avec mes parents, ils ont acheté un très beau coffre en bois qui venait de là-bas. Ils l’avaient baptisé «Morocco», mais petite, je ne savais pas ce que cela voulait dire.Arnaud : J’ai eu la chance de faire un joli périple dans l’Atlas quand j’avais 14 ans et j’ai adoré la diversité des paysages et les Marocains qui sont drôles et très ouverts.