A Asnières, la maison de la famille Vuitton

Atelier de Production LV de Asnières – Vue générale – © JEAN-PHILIPPE CAULLIEZ

La ville d’Asnières, à quelques minutes de Paris, est le berceau de Louis Vuitton. C’est dans ce lieu unique datant de plus de 160 ans que sont regroupés l’ancienne maison de la famille, le Musée du Voyage, ainsi que l’atelier historique, symbole de la tradition et de l’innovation de la Maison Louis Vuitton. Nous vous ouvrons les portes d’un lieu éminemment privé dont la visite demeure un rare privilège…

«Je me refuse à concevoir des meubles, nous sommes dans le mouvement. Rien ne sort des mains d’un compagnon qui ne puisse être aisément transporté.»
Patrick-Louis Vuitton, Responsable des commandes spéciales.

Façade de la maison de famille Louis Vuitton à Asnières – © ERIC LEGUAY

C’est en 1859 que Louis Vuitton décide de déplacer son site de fabrication de Paris à Asnières. Un choix dicté par la proximité de la Seine, d’où arrive le bois de peuplier nécessaire à la fabrication des malles, et celle du train vers Paris.

Salle à manger – © ANTOINE ROZES

Un bijou Art nouveau
Il fait construire deux maisons dans le jardin qui entoure l’atelier et s’’installe dans l’une d’entre elles avec sa famille en 1878. En 1892, le fils de Louis, George Vuitton (l’inventeur de la toile Monogram) enménage dans la maison aux façades en briques qui a été magnifiquement conservée jusqu’à aujourd’hui et l’agrandit. A l’époque, l’Art Nouveau est encore à l’état embryonnaire. Peu importe, George Vuitton s’en inspire en privilégiant les formes légères et un traitement naturaliste de la flore. La cheminée est en céramique outremer, les murs en stuc, les couleurs sont tendres (rose, vert, crème). George fait appel à un artiste local, Paul-Louis Janin, pour créer les motifs en verre coloré pour le Bow-window du salon.
Ce salon impregné d’Art Nouveau est toujours intact. De nombreuses malles font office de meubles d’appoint et de fil conducteur. 5 générations ont vécu dans cette maison avant qu’elle ne soit transformée en musée-lieu de réception à la fin des années 1980. Des photos dans des cadres en argent installées dans le salon raconte l’histoire de la famille.

Verrière du salon – © ANTOINE ROZES

Un musée consacré à l’art du voyage
Le musée qui se trouve à l’étage de la maison est réservé au personnel de Louis Vuitton et aux invités. Il abrite quelques-unes des créations les plus emblématiques de l’histoire du malletier. Ici, on remonte le temps et l’histoire du voyage moderne, des croisières en paquebots de luxe aux premières traversées aériennes ou en automobile à travers des modèles ingénieux. Dans la dernière section du musée, on peut admirer la collection privée de Gaston-Louis Vuitton, petit-fils du fondateur, qui a rassemblé au cours de sa vie près de 200 objets de voyage, datant parfois de la fin du XIVème siècle.

Salon : le service à thé est posé sur une malle et le billard est situé devant la verrière – © ANTOINE ROZES

L’atelier historique
C’est dans le ateliers d’Asnières que depuis 1859 naissent toutes les commandes spéciales divisées en deux types : le «sur commande» et le «sur-mesure» . Le sur-commande permet de personnaliser un article de la collection permanente, tandis que le sur-mesure répond à des besoins particuliers par une pièce unique. «Une commande spéciale, c’est un moment, c’est une relation qui se construit» explique Patrick-Louis Vuitton, responsable des commandes spéciales. Les commandes spéciales les plus marquantes ont été immortalisées par des clichés : une malle pour ranger des Barbies, une autre pour une Playstation, le porte-CD de Sofia Coppola, le porte I-Pod de Karl Lagerfeld, une douche de voyage…Plus de 400 commandes spéciales sont réalisées chaque année dans cet atelier.C’est également à Asnières que sont fabriqués les bagages rigides et les sacs en cuir haut de gamme ou exotiques.

Les ateliers ont été entièrement rénovés en 2005 et agrandis de 1000 m2, mais dans le respect de l’architecture initiale inspirée par Eiffel. La construction actuelle semble être là depuis un siècle. Une verrière permet aux 185 artisans de travailler à la lumière du jour. L’une de ses parois est revêtue d’une maille métallique disposée en damier, dont le procédé évoque un tissage tramé en référence au célèbre motif Damier de louis Vuitton. Des systèmes invisibles et ultra modernes d’éclairage, d’électricité et d’air conditionné ont été installés et les postes de travail ont été optimisés. Mais ici, les gestes se répètent au mêle rythme qu’autrefois et les outils d’aujourd’hui ne sont guère différents de ceux des origines.
Le site d’Asnières est un lieu exceptionnel qui continue à nous faire revivre l’épopée de la marque…