Vous êtes architecte et designer, qu’est ce qui vous a décidé à créer votre marque, il y a trois ans ?
Après 20 ans d’expérience dans le design et l’architecture intérieure en collaboration avec des marques comme B&B Italia, Cappellini, et autres, j’avais envie de créer mon propre monde. Le monde du design a beaucoup changé ces dernières années. Quand j’étais jeune et que j’ai commencé à travailler avec ces sociétés, je trouvais qu’elles avaient une âme qu’elles ont un peu perdue. En tant qu’architecte et designer, j’ai créé des espaces pour des marques de mode, ainsi que des vêtements et j’ai essayé de conjuguer ces deux univers. La mode et le mobilier utilisent le même langage.
Comment définissez-vous votre marque et votre style ?
La forme et les matériaux sont la clé. Les matériaux habillent mes formes. C’est de cette manière que nous donnons différentes âmes à un même produit. Une table avec un dessus en marbre sera totalement différente avec un dessus en bois. Nous avons une nouvelle approche qui consiste à ne rien imposer. Aujourd’hui, on vous présente un canapé, et on vous explique que c’est le canapé qu’il faut avoir dans son salon. Nous, on est là pour permettre aux gens de créer leur propre monde.
Est-ce que cela veut dire que le sur-mesure est la clé de GioPagani ?
Oui. Dans notre palette, nous avons beaucoup de couleurs et de matériaux que nous mélangeons..Et nous nous adaptons aux lieux où nous nous installons. Au Maroc, nous avons essayé de répondre au x goûts d’Habiba Farhat et à sa vision de l’architecture intérieure. Chez Harrod’s à Londres, l’approche est différente, tout comme à Miami où on a privilégié le de noir et blanc par exemple. A Pékin, où nous venons d’ouvrir un atelier, c’est plus chaleureux, avec des couleurs chaudes, du bois. C’est toujours différent.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis très curieux. Tout ce qui m’entoure m’inspire. La rue, les gens, la manière dont ils s’habillent, dont ils se nourrissent. La mode, l’art sont aussi des sources d’inspiration.
Quels sont vos matériaux préférés ?
Le cuir et le velours. On fait beaucoup de recherches sur le cuir. La plupart des cuirs que nous utilisons proviennent de la mode, de chez Prada, Chanel, Burberry. Le velours, je l’aime luxueux mais pas brillant et il doit être résistant. Nous apprécions l’esthétique mais aussi la technique derrière les matériaux.
Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir un Atelier à Casablanca ?
J’aime la vision d’Habiba. Quand on commence un nouveau projet, on a besoin de le faire avec quelqu’un qui est capable de nous comprendre. Elle a beaucoup de goût et une approche éclectique. Elle vit entre Paris, l’Italie et le Maroc, elle comprend les tendances, la dynamique des espaces. Nous sommes contents d’être présents ici. Nous sommes une toute jeune marque, mais nous avons envie de partager notre philosophie et nos rêves avec des gens qui ont la même approche que nous.
Justement en parlant de rêve, vous dites que «le rêve est le moteur du projet de GioPagani». Qu’est-ce que vous entendez par là ?
Aujourd’hui, compte tenu de la situation économique, c’est un peu fou de se lancer. Il y a tant de sociétés dans ce secteur.
Derrière notre projet et nos produits, il y a une histoire. Quand on a commencé à raconter notre histoire, beaucoup de gens nous ont compris et ont placé nos produits à côté de pièces signées Cappellini par exemple. Les gens ont besoin de quelque chose de nouveau, mais pas d’une nouvelle chaise. Je ne dessine pas des chaises incroyables. Pour moi, le design ne consiste pas à créer quelque chose de nouveau mais à apporter quelque chose que l’on a dans nos souvenirs, qui vient de nos voyages par exemple. Je n’ai pas besoin de créer des icônes, mais des produits qui créent une atmosphère et qui parlent à d’autres produits et que l’on peut combiner pour inventer son propre projet. Je crois vraiment à ça.
Quels sont vos liens avec le Maroc ?
J’ai déjà réalisé des villas à Casablanca et passé des vacances à Marrakech, une ville incroyable et très inspirante. J’aime Casablanca et ses architectures variées. Vous pouvez trouver des maisons qui auraient pu être construites à Miami ou à Milan. C’est une ville pleine de culture.